Passer au contenu

Vézelay (la basilique Sainte-Marie-Madeleine)

Je suis arrivé en haut de la colline de Vézelay aux derniers rayons du soleil. J’avais trop traîné sur le chemin. La façade, en réfection ainsi que le narthex, était entièrement recouverte d’un échafaudage et d’un filet de protection au travers desquels peu se laissait voir.

20190531_2129157836447538093433171.jpg

Passée la façade, le chantier disparaît. On peut faire le tour de la basilique dans le soleil couchant et admirer le clocher du transept et quelques éléments extérieurs du chœur dans leur blancheur retrouvée.

A cette heure tardive, l’église était fermée. Ce n’est que le lendemain matin que j’ai pu y entrer. La nef est plus belle que je ne m’en souvenais. Quand j’étais venu à Vézelay avec Katia, c’est la blancheur du chœur et la somptuosité du narthex qui m’avaient frappé.

Cette fois-ci, c’est la couleur de la pierre utilisée dans la nef qui m’a ébloui et apaisé. Une couleur délicate et tendre, qui fait penser au miel et à l’ambre, et dont les chapiteaux blancs se détachent avec éclat. Une couleur douce et sucrée de pain d’épices.

C’est dans la crypte que reposent les reliques présumées de Marie-Madeleine, ces reliques qui firent de Vézelay le centre de pèlerinage qu’il devint au XIème siècle et justifièrent l’édification de la basilique.

D’épaisses colonnes tantôt rondes et tantôt cannelées en trompe-l’oeil sur lesquelles repose un décor de fausses briques fleuries, un Christ en majesté écarquillant les yeux et paraissant près de chuter et, au fond d’une niche constellée, le reliquaire.

Durant les travaux, le narthex n’est pas visible. On le traverse à l’abri d’un couloir de bois aggloméré qui empêche de voir quoi que ce soit.

Mais durant les travaux aussi, des visites de l’échafaudage sur lequel travaillent les personnes chargées de la restauration du tympan sont organisées, qui permettent (abstraction faite de tous les entrecroisements de barres de fer) de voir le tympan de près et à hauteur d’homme, ce qui n’est ordinairement pas le cas.

Il y a les scènes.

20190601_0915393174101783628758078.jpg

Il y a les médaillons.

Il y a la scène centrale du tympan, avec les apôtres (qui ont perdu leur tête) porteurs chacun de leur évangile et avec le Christ s’élevant et dispensant ses rayons sir chacun de ses apôtres.

Du Christ lui-même, on ne voit que très difficilement le visage qui est caché et dans l’ombre mais on peut voir en pleine lumière ses vêtements qui ondulent et rayonnent avec grâce.


Au retour dans la nef, il y a les chapiteaux. Les chapiteaux et les histoires qu’ils racontent.

 

Le châtiment de l’avarice (45)
Le meurtre de l’Égyptien par Moïse (49)
David et Goliath (50)
La mort d’Absalom (53)
Combat entre deux démons (55)
Moïse et le veau d’or (56)
La légende de Sainte-Eugénie (59)
Le basilic (74)
L’exécution du meurtrier de Saül (60)
Moine assistant à une scène de torture (62)
Adam et Ève (65)
La tentation de Saint-Benoît (31)
La bénédiction de Jacob par Isaac (30)
La lutte de Jacob contre l’ange (29)
La musique profane et la musique sacrée (6)
Daniel entre les lions (27)
David et le lion (24)
La mort de Lazare et du mauvais riche (21)
Le moulin mystique (20)
La Balance et les Gémeaux (19)
La conversion de Saint-Eustache (17)
La luxure et le désespoir (15)

Les démons de Vézelay ne sont pas entièrement sombres. Ils ne sont pas machiavéliques. Leur corps et leur visage disent ce qu’ils sont.

Quand je suis sorti de la basilique, le soleil était haut, éclairant les pierres et les fleurs.




J’ai photographié le panneau qui détaille les travaux menés puis suis allé à la librairie La Pierre d’Angle, que tiennent les Fraternités monastiques de Jérusalem.

Une soeur m’a chaleureusement conseillé le Guide de Vézelay qu’elles avaient édité ; pour les chapiteaux,  j’ai pris le dernier exemplaire des Histoires lapidaires d’Édith de La Héronnière.


En redescendant,  j’ai discuté avec un caviste qui lisait la biographie que Romain Rolland avait faite de Charles Péguy. Je ne savais pas que Romain Rolland avait écrit un tel livre. Romain Rolland qui était mort ici, dans cette même rue,  ce que je ne savais pas non plus.

3 Commentaires

  1. […] On voit écrit, sous la mandorle, « Gislebertus hoc fecit« . C’est de là qu’on connaît le nom du sculpteur, le Maître d’Autun, qui travailla au début du XIIeme siècle et dont on reconnaît également le style particulier dans les chapiteaux , ainsi – disent certains – que dans certaines sculptures de la basilique de Vézelay. […]

  2. […] lettre de la Basilique de Vézelay (ou peut-être de l’Hôtellerie de la Basilique de Vézelay) invite, comme c’est de […]

Laisser un commentaire