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Auxerre (la cathédrale Saint-Etienne)

Auxerre ! Ville de Cadet Rousselle, de Marie Noël et de la cathédrale Saint-Etienne.

Dans la rue Lebeuf, qui joliment relie le quai de l’Yonne à la cathédrale et que j’emprunte à pied, poussant mon vélo devant moi, une très gentille femme, longs poils de barbe au menton, me voyant prendre des photos, m’interroge sur mon voyage et son organisation.

Nous devisons un moment, tout en poursuivant la montée, sur la beauté de la cathédrale qui nous domine de toute sa hauteur, l’époque et la vie politique. Elle a un accent (bourguigon, peut-être ?) et je ne comprends pas tout ce qu’elle dit.

Arrivés à un petit carrefour, nous nous séparons.

D’ici, on est saisi par l’enchevêtrement des toits de tuile moussue qui dégringolent du haut de la cathédrale jusqu’à la rue et jusqu’à l’Yonne. On se dit que le spectacle n’a pas dû beaucoup changer depuis des siècles.

 

Empruntant la ruelle qui conduit au porche sud de la cathédrale (ruelle par laquelle Marie Noël y entrait dans certaines des photos qu’on a d’elle), je vais jusqu’à la petite porte de bois ouverte dans le grand portail rouge.

Sur les voussures de ce porche, qui a gardé sa noirceur, anges et prophètes ont, pour certains, perdu leur tête tandis que les autres l’ont gardée. Pourquoi  ? Je ne le sais pas.

J’entre un moment dans la cathédrale. Pas trop longtemps car – c’est l’inconvénient des voyages à bicyclette – tout mon matériel est sur mon vélo et même si je pouvais attacher celui-ci (ce qui n’est d’ailleurs pas le cas), on pourrait prendre les sacoches. Je ne m’éloigne donc pas trop longtemps.

Ressorti, je reprends mon vélo pour aller place Saint-Etienne, d’où se découvre la façade, nettoyée et asymétrique, de la cathédrale, ainsi que ses trois porches.

Le portail de droite, disent les livres, est le plus ancien. Il raconte des épisodes de la vie de Jean-Baptiste.

Le portail central est consacré au Jugement dernier et ses voussures, très profondes, représentent des scènes avec les apôtres

Le portail de gauche a un tympan moins décoré mais le relief du bas raconte la Genèse.

On reconnaît la création de l’homme, la création de la femme tirée de l’homme, le don du Jardin d’Eden puis la tentation, la Chute et le rejet hors du Paradis terrestre (on pourra en voir le détail ici).

Il y avait, dans la cathédrale qu’elle a si souvent fréquentée, une exposition consacrée à Marie Noël.

Je possédais déjà Les Chansons et les Heures. J’y ai acheté un autre recueil, ainsi qu’un petit livret édité par la paroisse de Saint-Germain d’Auxerre. C’est là qu’on trouve le texte – cet hymne à la cathédrale – qu’on pourra lire plus bas.

Du reste d’Auxerre, je n’ai pratiquement rien vu. Mais j’en garde l’impression d’une très belle ville faite de vieilles maisons, de vieux toits, de rues biscornues, le tout comme attendri par le grand fleuve qui coule au pied de sa colline.

« S’il pleut aujourd’hui, s’il pleut demain, allez-donc vous mettre à l’abri dans la Cathédrale. Là, regardez, lisez. La Cathédrale est le plus beau livre écrit de main d’homme. Elle contient science, art et histoire.

Apprenez de sa hauteur folle et raisonnée, de ses voûtes, de ses arcs boutants, de ses contreforts, la plus hardie et surprenante solution qu’ait donné l’esprit constructeur aux problèmes de l’équilibre.

Apprenez de ses figures sculptées, la multiple richesse des animaux et des plantes, l’intelligence des visages, la majesté des vêtements, la grâce des mouvements et des plis, la noblesse des attitudes.

Apprenez de ses verrières, les symboles, les Testaments, les Histoires, les Légendes, les Actes, les Miracles.

Regardez, lisez… Et si la pluie cesse, si tout à coup le soleil éclate, éblouissant, dans la pourpre, l’azur et l’or de la grande Rosace, joignez les mains et admirez la brusque et sublime rencontre de la haute magnificence de l’homme et de la splendeur des cieux. »

Marie Noël

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