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Senlis : le porche de la cathédrale Notre-Dame

La cathédrale Notre-Dame, au centre du vieux Senlis, entouré de ses murailles, a son entrée principale tournée vers l’Occident. Trois porches s’y ouvrent dont seul le plus grand, le central, est sculpté ; il date probablement du milieu du XIIe siècle. L’accès est protégé par une grille fermée et, des travaux étant en cours, un mince filet d’acier protège les passants. Il est, heureusement pour les photos, déchiré à un endroit.

De part et d’autre du portail, encadrant le linteau et le tympan, huit statues (quatre à gauche, quatre à droite) occupent l’embrasement.

A gauche, ce sont Jean-Baptiste, Aaron, Moïse et Abraham (et le petit Isaac) :

Les statues sont d’origine mais les têtes ont été refaites au XIXè siècle. C’est dommage : elles sont sévères, énigmatiques, portent un regard froid et vide sur le monde et elles ont, dans le cas d’Abraham, perdu leur attitude première, qui leur donnait sens : il regardait l’ange qui arrête son épée.

A droite, Siméon, Jérémie, Isaïe, David. Leurs têtes sont très laides, surtout celle d’Isaïe, qui fait penser à une femme cruelle (ou au Severus Rogue de Harry Potter).

C’est la scène figurant au centre du tympan qui est, disent les spécialistes, la grande trouvaille de Senlis. Il s’agit d’un bas-relief représentant le couronnement de la Vierge. C’est la couleur du calcaire qu’on voit aujourd’hui le plus mais des restes de peinture demeurent, ici comme sur les voussures. Les yeux en sont maquillés.

Autour de Jésus, royal, et de sa mère, assise et arborant un visage plus gêné que maternel, de petits anges volètent et regardent, curieux.

Dessous, sur le linteau, deux scènes proches mais non tout à fait identiques. On est ici dans des nuances sémantiques qui rappellent les querelles théologiques les plus graves.

À gauche, c’est la dormition de la Vierge ; à droite son Assomption.

Je ne maîtrise aucun des deux concepts de dormition et d’assomption, et encore moins ce qui les distingue. Il s’agit dans les deux cas de la mort de Marie et de l’élévation de son âme vers le ciel. La dormition, qui est je crois plus soulignée par les églises d’Orient, insiste sur le fait que Marie étant humaine, elle est morte, avec son corps, dans sa mort, et que c’est dans un deuxième temps que l’Assomption a eu lieu.

L’Église catholique, quant à elle, insiste plus sur l’Assomption, c’est-à-dire la montée au ciel directe, le dogme de l’immaculée conception rendant Marie moins sensible aux tribulations de la mort terrestre et conduisant à imaginer une élévation immédiate.

Ici, les deux épisodes sont représentés sans qu’on arrive bien à en saisir la signification.

Enfin, entourant et surmontant le tympan, les voussures. Ce sont, à mon goût, les oeuvres les plus charmantes du porche. Une quarantaine de petites figures, en quatre rangées, s’inclinant progressivement au fur et à mesure que l’on s’élève.

Les voici dans le désordre. Je termine par celles que je préfère.IJe ne sais qui sont tous ces personnages aux yeux si beaux et si vivants, aux postures parfois si étranges et si peu hiératiques, ces rois, ces sages, ces rabbins portant calotte. Je ne sais pas non plus qui est cette blonde viking aux longues tresses et à la robe si joliment bariolée tenant un poignard dans les mains.

2 Commentaires

  1. […] a sa cathédrale, du porche de laquelle je parlerai plus longuement, et puis il y a le reste de la ville, fleuri de roses en cette fin de mai.La ville est organisée […]

  2. oui ils sont étonnants tous ces magnifiques personnages, si vivants!

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