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Provins-Droyes

Provins-Droyes, deuxième étape du parcours vers Domrémy-la-Pucelle. 124,5 km, dit mon GPS.

Le matin commence par un café puis par une visite rendue aux chèvres qui, toute la nuit, m’ont dérangé.

Je traverse ensuite Provins sans vraiment la visiter.

Je vois l’église Saint-Ayoul et la belle statue de bronze qui orne le trumeau de son porche.

Tout à côté, la tour Notre-Dame du Val et, un peu plus loin, l’église Sainte-Croix, au décor gris et baroque, dont les personnages du fronton portent coquilles Saint-Jacques en guise de chapeaux.

Je quitte Provins par la rue de Barlay qui longe le cimetière, emprunte un court moment la D403A1 puis prends la D74, que longe de grands arbres et qui suit le chemin de fer et le cours de la Voulzie. Dans la lumière et la fraîcheur du matin, c’est très agréable.

On arrive bientôt sur un plateau à l’horizon duquel fume la vapeur d’eau sortant des aerorefrigerants de la centrale de Nogent-sur-Seine.

De part et d’autre de la route, de grands champs de je-ne-sais quoi à l’odeur de menthe puis, avant d’arriver à La Saulsotte, le petit hameau du Resson, traversé par la rivière du même nom, qui alimente joyeusement un petit lavoir.

Après La Saulsotte, sur la D176, la centrale se rapproche, avec son faisceau de lignes THT. En noir et blanc, c’est très joli.

Plus près encore, des meules fraîchement roulées sèchent sois les cheminées.

À Liours, on quitte la D176 pour orendre à gauche la D40.

À La Villeneuve-au-Chatelôt, une magnifique église fortifiée, l’église de l’Assomption de la Vierge.

A Conflans-sur-Seine, je trouve enfin un magasin ouvert, un Proxy. Je m’y arrête et fais quelques courses.

Il faut en profiter car les magasins, comme les cafés, sont devenus très rares dans les villages que je traverse. Il n’y en a pratiquement plus. Toute la vie, toutes les activités, sont parties dans les zones commerciales qui s’égrènent à la périphérie des villes moyennes. C’est là qu’on trouve les boulangeries qui ont quitté les bourgs ; c’est là qu’il faut aller, forcément en voiture, pour faire la moindre course. Grâces soit rendue à la supérette maintenue au centre de Conflans-sur-Seine, à sa patronne et à ses pains au chocolat !

À Marcilly-sur-Seine, on franchit la Seine, puis on traverse de grandes plaines ourlées de chardons. J’avais mis ma tente à sécher de l’humidité de la nuit sur mon porte-bagages ; technique inefficace ; c’est en la déployant, plus tard dans la journée, comme un parachute dans le soleil que j’arriverai à la faire bien sécher.

Après Saint-Just-Sauvage, on croise de vieilles écluses posées sur l’ancien canal de la Haute Seine.

Ce sont des champs, des champs, le long de la D8 et de la D7, et de grands ateliers où l’on semble fabriquer des caisses en bois. On se croirait sur la base de Rozwell !

On franchit ensuite plusieurs bras de l’Aube du côté du joli village de Plancy l’Abbaye.

L’Aube et le canal une fois franchis, on prend la D56 vers l’est. À Champigny, un soldat bleu veille sur le monument aux morts, puis, à nouveau, de grandes plaines où filent d’immenses routes droites.

Des champs, des champs, et des épandages géants, par camions entiers, de bouses de vache, dans ce plateau crayeux hérissé d’éoliennes. Voici la Champagne crayeuse.

À Lhuître, l’église Sainte-Tanche, avec son magnifique retable. Dans le cimetière, une tombe accordée en concession perpétuelle porte les mots : « La mort même ne saurait les séparer« .

On continue sur la D24. Toujours ces plaines qui s’étendent sous le ciel bleu et ces routes filant droit.

On arrive à Dampierre. C’est aujourd’hui une bourgade plate, étalée et perdue qu’écrase sa grande église, Saint-Pierre-et-Paul, où une jeune femme passe la serpillière et époussette les statues tandis que je visite les lieux.

J’aime bien la statue de Roch.

Si j’ai voulu passer par Dampierre, c’est parce que, avant même que l’église ne soit construite, y enseignait, dans une yeshiva, le Ri, Isaac ben Samuel, arrière-petit-fils de Rachi de Troyes. Il y avait, parmi ces rues perdues au milieu des champs, une yeshiva qui fut un des centres du tossafisme champenois jusqu’au début du XIIIe siècle. Qui pourrait le croire aujourd’hui ?

Apres Dampierre, continuant sur la D24, on retrouve les plateaux crayeux écrasés de chaleur. Le blanc de la terre est magnifique sous le ciel bleu où paissent des nuages.

On arrive à Donnement, dont l’église Saint-Amand, au milieu du cimetière, commence à présenter certains traits russes ou orientaux des églises du Pays du Der. C’est l’auvent, le bois, et la verticalité blanche et inhabituelle pour nous des murs. Tout cela avec un beau clocher carré ressemblant à un donjon.

Je tourne à gauche sur la D56.

Dans le soir qui commence à venir, la lumière jaunit et je croise plein de tracteurs tirant derrière eux des charrettes débordant de paille et de foin. Il s’en sème partout sur la route.

J’arrive à Saint-Léger sous Margerie, dont l’église Saint-Léger fait à nouveau penser aux plaines russes (ou peut-être aux pays nordiques) : du bois, un porche, et parfois des colombages et parfois des lattes qui se recouvrent.

C’est le Pays du Der, une grande plaine qui fut autrefois marécageuse et couverte de forêts. Le chêne (der en gaulois) y abondait et c’est avec lui qu’on construisait tout : maisons et même églises.

Je croise des vaches puis, à Bailly-le-Franc, la très belle église (dont le nom même vaut le détour) Sainte-Croix-en-son-Exaltation.

J’avais réservé un camping du côté de Chatillon sur Broué, Le Clos du vieux moulin. Arrivé à Droyes vers 19h30, un peu épuisé, j’ai appelé pour prévenir que j’arrivais bientôt mais que j’aurais peut-être quelques minutes de retard.

On me répondit que l’accueil fermait à 19 heures et qu’il était donc trop tard pour que je vienne.

Je ne trouve pas cette façon de faire très gentille mais bon !

J’ai donc cherché à Droyes où me loger. J’ai d’abord essayé La maison de Marie, vers laquelle conduisaient de nombreux panneaux. Marie me receva très aimablement mais elle n’avait plus de place. Elle me conseilla de tenter ma chance aux Coccinelles, non loin de chez elle.

Je m’y rendis, fut aperçu, devant l’entrée, par le fils de la famille qui signala à sa mère qu’un routard demandait s’il pouvait dormir là, description qui alarma un peu la mère qui sortit pour me voir. Elle me vit, fut rassurée, me fit garer mon vélo dans la grange et me loua sa derniere chambre disponible, qui donnait sur une cour où se prélassait un chat.

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