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Droyes-Domrémy-la-Pucelle

De Droyes à Domrémy-la-Pucelle, dernière étape de mon voyage aller vers le pays de Jeanne : 106 km, dit mon GPS.

J’ai voulu partir tôt mais ai, évidemment, traîné, profitant du confort de mon lit. Ayant pris mon petit petit-déjeuner dans le grand salon-cuisine, discuté avec mes hôtes et payé, je prends la route.

Le ciel est gris, ce qui me convient après le grand soleil d’hier qui écrasait les choses et était quelque peu épuisant.

Les maisons de Droyes sont à colombages. On se croirait en Normandie. Je m’arrête un petit moment devant l’église en pierre, fermée, qu’entoure le cimetière, sur les montants du portail duquel ont été gravées des croix celtiques et des ailes de chauve-souris.

Je tourne à gauche, sur la route de Chavanges, et passe la Héronne, sur laquelle un petit barrage est dressé. On y voit des chardons (qui m’auront accompagné durant tout ce voyage) et des nénuphars.

Je m’engage à gauche sur la D174, qui me conduit à Puellemontier, à sa belle église Notre-Dame-en-sa-Nativité (encore un nom extraordinaire) et à son beau cimetière. L’église, coiffée d’un haut clocher pentu, est très large.

Son intérieur est très simple mais il est enrichi de détails recherchés : croisillons et clés de voute, linteau sculpté.

Il y a aussi plusieurs belles statues. Non pas évidemment celle, tellement stéréotypée, de Jeanne que je ne photographie que dans le cadre de ce trajet mais celles de deux saintes : Syre de Troyes, avec son chapeau, son bâton de pèlerin et son livre (marquant qu’elle a retrouvé la vue), et Flore (de Cordoue), dit la présentation de l’église, avec sa couronne de fleurs et sa palme des martyrs. Les visages de ces deux statues et leurs mains sont très belles. Un universitaire leur a consacré un très intéressant article.

Dans le cimetière, une autre belle statue : une croix de cimetière avec une Vierge à l’enfant dont les traits sont très doux. Étrangement, cependant, la base Mérimée du Ministère répertorie ici une Pietà, et présente une photographie qui montre effectivement, sous la croix qui paraît être la même, une Pietà. La vraie statue aurait-elle été volée ?

NB : Mise à jour le 9 septembre 2020, la base Mérimée signale désormais que la Pietà inscrite au titre des monuments historiques a été volée, probablement en 1961.

Après Puellemontier, on tourne à gauche sur la D173 pour rejoindre Montier-en-Der, capitale du pays.

La ville est dominée par l’ancienne abbatiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, seul reste de l’abbaye fondée par Berchaire. C’est une grande église, majestueuse avec ses trois, voire quatre, niveaux.

Il y a également une jolie statue de Paul, et évidemment, à l’extérieur, une Jeanne, horriblement martiale, comme si souvent.

Je quitte la ville en passant devant l’ancienne halle au blé, devenue mairie.

La route (D173) traverse de grands champs de tournesols qui paraissent, ce matin, éplorés.

A Robert-Magny, un monument aux morts dont le soldat, fatigué ou blessé, est plus humain que la Jeanne de Montier.

Après Robert-Magny, la D179 devient D182. On la suit au milieu des vaches jusqu’à Bailly aux Forges où l’on prend la D113 qui nous amène jusqu’aux abords de Wassy.

Juste avant d’arriver à Wassy, on tourne rue Parmentier puis rue de la Digue pour prendre la D192A vers Brousseval où l’on prend la D4. Une voie cyclable est réservée sur la chaussée ; il y a des fleurs et des grands champs de blés.

On prend la D184 vers Valleret et Sommancourt. Puis la D79 vers Maizières. À un moment donné, il y a une agréable descente vers la vallée de la Marne.

A Curel, la statue incongrue d’un cheval, forgée dans la Fonderie du Val d’Osne voisine, cette grande fonderie, désormais fermée, qui produisit aussi les fontaines Wallace et les bouches Guimard de métro.

A Curel, on prend la D8, qui suit à peu près le cours de la Marne. Elle conduit aux Autigny (le grand et le petit), puis à Joinville dont on découvre d’abord le château des Guise, le château du Grand jardin.

Le temps commençant à presser et Joinville n’étant qu’à mi-chemin de Domrémy, je n’ai visité ni le château, ni le jardin, ni le reste de la ville. J’ai seulement pris un verre à l’hôtel du Grand Pont (il était, en province, trop tard pour déjeuner) puis suis reparti, franchissant la Marne, par l’avenue de Lorraine (D60).

Après Thonnance-les-Joinville et son monument aux morts, la route s’enfonce dans les collines sur le sommet desquelles s’étend le plateau lorrain. Cela devient plus rude. Et toujours, les chardons et le blé.

On passe à Montreuil-sur-Thonnance et à Pensey, on prend, à droite, la D151. Elle conduit à Echenay et à son magnifique lavoir, qui paraît sortir du Far-West.

On entre ensuite sur le plateau lorrain : vastes plaines sous les nuages broutant.

D215, Guillaumé, D175, Cirfontaines-en-Ornois, D115, puis à Chassey-Beaupré, on prend la D138. Et c’est dans la forêt montant vers Dainville-Bertheléville, que je vois ce magnifique papillon sur un chardon, une écaille chinée, me dit Malyloup.

Peu de temps après, j’entre dans le département des Vosges, fier comme Artaban.

À Avranville, des poussins se promènent.

Après Chermisey, ce sont les bois, et la longue descente à travers les sapins vers la Meuse.

Enfin, on arrive dans la vallée.

Je passe devant la basilique du Bois-Chenu, pas très belle mais moins hideuse que la statue représentant Jeanne et ses voix. On y voit, derrière une Jeanne borderline, Catherine et sa roue (de bateau) de rouée, Michel très militaire et Marguerite portant le casque.

Après la basilique, la route descend vers le village, tout petit.

Non loin des bords de la Meuse, s’étend le camping municipal de Domrémy dont l’accueil est ouvert de 18 à 21 heures. Il est minuscule, simple, sans fioritures : parfait. J’y suis très gentiment accueilli par une jeune fille qui m’attribue une place, me fait payer, me propose de faire une commande à la boulangerie pour le lendemain matin et me donne quelques indications sur le village.

C’est exactement ce qu’il me fallait. Je m’installe, profitant du calme des lieux.

PS : on trouvera un agréable résumé des histoires de Catherine et Marguerite, tirées de La légende dorée de Jacques de Voragine, dans l’injustement oubliée Vie de Jeanne d’Arc, d’Anatole France (dont on sautera, sur Gallica, la préface un peu longue).

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