Périgueux est une belle et agréable petite ville où l’on commence à sentir le sud. Je parlerai de son musée, de ses vestiges antiques, de ses rues mais commencerai par les deux grandes églises de la ville : la cathédrale Saint-Front et l’église Saint-Étienne de la Cité, qui fut cathédrale avant que Saint-Front ne la remplace.
Saint-Front est ce grand bâtiment blanc aux formes orientales, inspirées par Saint-Marc de Venise et par l’église des Saint- Apôtres de Constantinople, couvert de dômes aplatis un peu plus sombres, qui domine la ville, accompagné de son immense clocher. La cathédrale actuelle, bâtie sur une nécropole antique et sur des grottes dont la légende dit qu’elles abritèrent Front, envoyé par Pierre pour évangéliser le sud-ouest de la Gaule, prend la suite de nombreuses églises édifiées ici depuis le Vème siècle. Elle a été construite au XIIème siècle (une partie datant du XIème), a été très dégradée par le temps et les Huguenots, puis a été largement reprise, pierre par pierre, dit-on, au XIXème, par Paul Abadie, futur architecte du Sacré-Cœur de Montmartre, à Paris, qui s’inspira d’ailleurs beaucoup des dômes et du motif pomme de pain qu’il avait trouvés à Périgueux.
L’extérieur du bâtiment est impressionnant et étonnant. Son intérieur est étrangement froid. Il a été dépouillé de son mobilier, et peut-être de ses ornements, pendant les guerres de religion et les murs sont, pour la plupart, nus, et faits de cette pierre très blanche qui grisaille, voire bleuit avec le temps, et qui, pour certaines, ont été blanchies à la chaux au début du XIXème siècle
Tout cela est vaste, froid, pas très beau à mon goût. IL y a heureusement quelques statues et restes de fresques pour rechauffer le tout, ainsi qu’un beau bénitier (ou plutôt un baptistère).
Plus loin, du côté de la Cité, cette petite partie de l’antique Vesunna qui, à la fin de l’Empire romain, s’entoura de remparts pour résister aux Wisigoths, se dresse la première cathédrale de la ville, Saint-Étienne de la Cité.
On pourra lire, sur l’architecture de Saint-Front, une intéressante analyse de R. Phené Spiers : Saint-Front de Périgueux et les églises à coupoles du Périgord et de l’Angoumois., in
Saint-Etienne, bâtie sur les vestiges d’un temple de Mars, a elle aussi souffert du temps et des guerres de religion. Elle avait quatre dômes/coupoles ; elle n’en a plus que deux. Mais elle a été récemment rénovée et avec un procédé de nettoyage de la pierre qui donne à celle-ci une couleur légèrement ambrée beaucoup plus chaude et agréable que celle, blafarde, de la pierre de Saint-Front.
Une autre différence, qui change tout, est la mise en lumière des coupoles, grâce à des lampes dont l’éclat vient s’ajouter à celui des rares fenêtres percées dans les domes, et donner relief et luminosité a ce qui, a Saint-Front, est plutôt froid et sombre.
L’église est très belle, dans sa chaude nudité mais elle conserve quelques belles inscriptions gravées dans sa pierre dorée et quelques beaux éléments, notamment le tombeau de Jean d’Asside, qui fut évêque de Périgueux au XIIème siècle.
On pourra lire, sur l’architecture de Saint-Front, un intéressant article de R. Phené Spiers, paru en 1897 dans le Bulletin monumental : « Saint-Front de Périgueux et les églises à coupoles du Périgord et de l’Angoumois ».