C’est la deuxième étape de mon premier parcours à pied : 17 km environ à nouveau, pour rejoindre Joigny où je prendrai le train pour Paris.
Le temps est moins clément que la veille. Il a plu pendant la nuit puis la rosée est arrivée, qui a couvert l’herbe de perles. Au réveil, un café chaud est bienvenu.
Il y a, à cette heure, de grandes et bruyantes envolées d’oiseaux dont on ne sait d’où ils peuvent sortir, si nombreux ils sont.
Je mets du temps à décoller. J’attends longtemps en vain que le soleil sorte des nuages pour deshumidifier mon téléphone et lui permettre de se recharger, et pour sécher un peu ma tente. Attente vaine.
Sous le tapis de sol que j’avais placé sous ma tente, des dizaines de petites limaces blanches laissent des chemins d’argent. Grand secouage pour ne pas les emporter dans mon sac. Puis je pars.
Je retraverse l’Yonne, repasse devant l’église, la contourne, suis la rue du Puits d’amour (quel beau nom !) Puis oblique vers le sud, Faubourg de l’Espérance puis route de Beaudemont. A la sortie du centre-ville, on surplombe je ne sais quel bâtiment (un lavoir ?) qui paraît tombé au fond d’un ravin ou des restes d’un fossé de chateau fort.
Apres être passé sous la D 606, on prend un escalier qui conduit au Chemin des ronces. Une marque du chemin de Compostelle (mal photographiée) permet de ne pas se tromper.
Il y a en haut de l’escalier, le long de la D 606, ce qui ressemble à un camp de gitans, de romanichels, comme dit Tintin dans Les Bijoux de la Castafiore. Au camping où j’ai dormi, il y avait une grande famille vivant sous deux grandes tentes faites de bric et de broc. Toute la soirée, le père avait crié après ses grands enfants qui, visiblement habitués à la chose, s’en fichaient un peu. Ici, ce sont des caravanes et des camionnettes jetées en plein champ parmi des épaves d’automobiles au milieu desquelles circule une jeune femme, un seau de vaisselle au bras. Il y en a beaucoup, dans les campagnes, à proximité des petites villes, de ces campements sauvages abritant une population dont je ne sais pas si elle vit là par nécessité ou par choix ; probablement un peu des deux.
On prend à gauche un chemin qui monte vers la forêt. En se retournant, on voit Villeneuve.
Le chemin monte, traverse un bois, puis atteint, du côté de Beaudemont, un plateau où paissent des moutons.
Puis on redescend vers Armeau et l’Yonne.
Commence alors un long parcours sur le chemin de halage : Villevalier, Villecien, Saint-Aubin-sur-Yonne. Le plus souvent on suit le fleuve ; parfois on s’en éloigne un peu.
À Joigny, on s’éloigne du fleuve pour prendre le bien-nommé Faubourg Saint-Jacques. Cette partie de la ville est sinistre, avec de grands murs gris entourant le lycée professionnel privé Saint-Jacques, puis on se rapproche du centre, plus riant.
Il y a l’église Saint-Thibault, dont le porche est surmonté d’un chevalier plein d’entrain.
Puis prendre jusqu’à Paris un train dans un wagon où je fus longtemps seul.
PS : La charge très partielle de mon téléphone durant cette étape m’a obligé à prêter attention à la signalisation du chemin de Compostelle. Et c’est très bien. Le balisage est clair, régulièrement refait et il faut en rendre grâce à l’association jacquaire Yonne Compostelle.
En cas de doute, je me suis servi de l’application tchèque Mapy qui permet de télécharger des cartes pour consultation hors ligne, cartes sur lesquelles sont indiquées les différents chemins de Compostelle.