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Autun (1. Promenade dans la ville)

Je suis arrivé à Autun un jour de grève des trains. J’ai débarqué sur le quai d’Étang-sur-Arroux, 278 mètres d’altitude, et le train qui devait aller à Autun ayant été supprimé, j’ai attendu deux heures le car de la SNCF, ce qui m’a laissé le temps d’apprécier les rails, et la beauté du jaune des sacs d’engrais contre le gris du ciel.

Quand le car est arrivé, il s’est avéré que j’étais le seul passager. J’ai ainsi fait la causette, pendant un quart d’heure, avec la conductrice, derrière laquelle je m’étais assis, et qui observait que les gens étaient de plus en plus exigeants et supportaient de plus en plus mal les grèves de train en période de vacances. C’est un peu abusé, pensais-je (et dis-je) me souvenant des familles nombreuses qui, le matin même à la gare de Bercy, cherchaient leur train, leur chemin et à ne pas être séparées par la foule compacte.

Il est agréable de voir la route depuis la grande vitre avant des cars.

Arrivé à Autun et ayant déposé mes bagages, je ressortis dans la nuit, allant vers la cathédrale par les rues calmes et bordées de vieilles maisons. Aux murs de la cathédrale, j’ai ai écouté la fontaine Saint-Lazare, de Jean Goujon.

Autun est belle la nuit ; elle montre, en journée, un aspect un peu sévère et triste.

Quand on va vers la Porte d’Arroux, dont je parlerai plus longuement dans un autre article, on sent du délabrement et une perte de substance dans ces revêtements gris et ruinés, ces boutiques fermées depuis longtemps et que nul ne paraît vouloir reprendre. Le bel hôtel de la Caisse d’Épargne est devenu cercle de bridge.

Dans le même coin, pourtant, des vestiges demeurent de la belle et grande ville du Moyen-âge et de la Renaissance : grandes tours, beaux parements, restes de belles maisons.

Je suis entré dans une cour, comme il y en a de nombreuses, où fleurissaient des roses magnifiques.

Une dame a ouvert sa porte et m’a raconté ses fleurs, qui poussaient bien ici. Elle parlait dans ce qui me semblait être un mélange de patois et d’italien, me disait que chacun avait son talent propre et qu’en fait de maçon, les Italiens et les Portugais étaient les meilleurs. Je ne comprenais pas bien ses propos et ses fleurs étaient très belles. Elle était contente que je les photographie.

De l’Antiquité au Moyen-âge, Autun s’est rabougrie. C’est pourquoi, partant du centre, on franchit les remparts médiévaux, que longe parfois une ruelle, avant d’arriver aux portes antiques, dont je reparlerai.

Continuons la promenade.

Qui connaît Louis Renault ? Ce juriste, né à Autun, a pourtant reçu le prix Nobel de la Paix en 1907. Et il a donné son nom au kiosque à musique du Champ de Mars, la grande place de sa ville natale, où se voient aussi la mairie, le théâtre et le monument aux morts.

Quand il pleut, c’est tristounet. Le passage Baltus, beau mais désespérément vide, égaie peu les choses, moins que ne le fait la baraque à crêpes, qui jette dans ce gris une tache de couleur.

Au bout de la place, le Lycée Bonaparte, qui, lui non plus, ne rayonne pas de gaieté.

Quand on poursuit dans cette direction, on atteint le quartier cathédral. Plein d’établissements religieux et gris. Dans le parc de l’une d’entre eux, humide et verdie de mousse, la mère TVA.

Tout ce quartier foisonne de jolies portes et de vieux hôtels, d’archanges perchés sur les cheminées et de statues de saints.

Et puis il y a le palais épiscopal, celui de Talleyrand je présume, avec son jardin et sa vue magnifique sur la campagne.

Enfin, cachée derrière les murs du musee Rolin, y a la prison ronde, la première du genre, dit-on, dont les cellules étaient en forme de tranches de gâteau.